Peut-être sommes-nous comme ces Grecs, sympathisants du judaïsme, qui vont vers Philippe, l’un de leurs compatriotes, pour lui dire : « Nous voudrions voir Jésus. » Il est bon de vouloir voir le Seigneur, encore faut-il désirer véritablement le rencontrer lui, notre Sauveur et notre Dieu, et non pas l’idée que nous avons de lui, ni l’image que nous nous faisons du prédicateur de Nazareth.

Qui rencontrent-ils ces Grecs que Philippe va présenter à Jésus ? Un grand guérisseur ? Un faiseur de miracles ? Un leader religieux ? Non. Qui alors ? Un homme saisit par l’angoisse de sa mort violente imminente : « maintenant mon âme est bouleversée. » Jésus est ébranlé dans tout son être. Il acquiesce pourtant à cette heure terrible : « c’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom. » Philippe et ses compagnons rencontrent un homme secoué par le chemin de souffrances qui s’ouvre devant lui et qui néanmoins reste déterminé à parcourir celui-ci jusqu’au bout.

Aux Grecs, à Philippe, à chacun de nous, Jésus dit : « Si quelqu’un veut me servir qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. » Servir Jésus, c’est être là où il est : dans sa passion au moment de la Passion, sur la croix quand il est sur la Croix. Ces mots de Jésus portent en eux quelque chose d’incroyablement exigeant, mais ils correspondent de fait à une réalité vécue par les chrétiens persécutés dans le monde, dans leurs familles, dans leur travail ou leur engagement social, ou encore liés au Christ en croix sur leur lit de malades ou d’agonisants.

Personne n’aime souffrir. Jésus n’aimait pas souffrir, mais son amour du Père, son amour de l’humanité, l’ont conduit à accepter de traverser la souffrance pour que nous nous ayons la vie. Il n’existe pas de version light de la vie chrétienne. Notre vocation de baptisés passe nécessairement, à un moment ou à un autre de notre existence, par la croix que nous sommes appelés à porter avec Jésus par amour de nos frères et de notre Père.